Alors que la transition écologique compte parmi les priorités de la France depuis 1992 et la conférence de Rio, elle se retrouve souvent mise à la marge du fait de la conjoncture économique. L’adoption de réglementations environnementales reste souvent considérée comme une contrainte au libre marché visant à atténuer les externalités négatives des activités polluantes sur le reste de la société. L’arbitrage entre préservation du milieu naturel et croissance économique constitue parfois un frein aux politiques de développement durable. Depuis quelques années néanmoins, une remise en cause plus structurelle du modèle économique dominant se fait sentir. La raréfaction des ressources naturelles, traduite par une hausse des coûts des matières premières et de l’énergie, force les acteurs institutionnels et économiques à reconsidérer le modèle économique linéaire. Les industries les plus consommatrices de ressources naturelles souffrent en partie de cette hausse des prix. Soumises à la concurrence internationale, elles sont souvent aidées par des fonds publics mais leur viabilité à plus long terme dépendra de leur résilience, c’est à dire de leur capacité d’adaptation dans une économie marquée par la rareté des ressources naturelles. Intégrée dans les textes réglementaires par la nouvelle loi sur la transition énergétique1 , l’économie circulaire est devenue un enjeu économique et écologique majeur. La force de ce concept est de proposer une démarche opérationnelle pour la mise en œuvre du développement durable et notamment de son pilier économique. La formation de boucles de matières et d’énergie permet de découpler l’activité économique des extractions de matières premières. Elle augmente donc la résilience de l’économie vis-à-vis des crises d’approvisionnement. Bien qu’elle reste souvent marginale, la pratique de l’économie circulaire s’est traduite par la mise en place de business models novateurs et prometteurs. Chez les grandes entreprises, cela se traduit souvent par des économies considérables tandis que des PME novatrices se sont rapidement développées. L’application des principes de l’économie circulaire s’est déjà traduite directement et indirectement par des créations d’emplois. Pourtant, l’économie circulaire reste trop souvent considérée uniquement comme une économie de la sobriété permettant de préserver les ressources et de limiter des déchets. En France, il n’existe pas d’étude qui se soit penchée spécifiquement sur le potentiel macroéconomique d’une généralisation de l’économie circulaire. La relance de l’emploi reste l’enjeu économique central mais la remise en cause du modèle de production linéaire reste trop limitée.
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